jeudi 6 novembre 2014

La route qui mène à la ville - Natalia Ginzburg



Infos sur le livre

éditions : Denoël
date de publication : 09-10-2014
traducteur : Georges Piroué
pages : 128
prix : 11,90€

Résumé éditeur


Hommage magnifique d’une romancière à une autre, Marie Darrieussecq salue le don d’observation de Natalia Ginzburg, qui éclate impitoyable et lucide à chaque ligne. En Italie dans les années 40, Delia grandit entourée de ses frères et sœurs. Dans la maison crasseuse et trop étroite, où le gramophone joue en boucle le même air entêtant, il n’y a que le vide et l’absence de désir. Alors, pour tromper l’ennui ou pour s’inventer des rêves, Delia emprunte chaque jour la route qui mène à la ville. L’Italienne Natalia Ginzburg compose un court roman au cordeau, qui se niche au plus près des sentiments humains.  – Qui donc s’ennuie? Moi, je ne m’ennuie pas du tout, dit-il, et il se mit à rire en me prenant par le bras. Donc tu t’ennuies? Et pourquoi? Tout est si beau.

Pourquoi ce livre ?

Merci aux éditions Denoël pour la découverte de ce livre et d'une écrivaine italienne du XXème siècle que je ne connaissais pas du tout.


De quoi est-il question ?

Ce roman nous plonge dans l'Italie des années 40, à l'heure du fascisme et des traditions familiales indétrônables. A 17 ans, Delia a toujours vécu dans cette ambiance familiale où le respect des parents prime sur tout. Entourée de ses frères et soeurs ainsi que d'un cousin adopté, Delia doit seconder sa mère pour tenir la maison avec pour seule distraction le gramophone qui joue en boucle une seule unique chanson. Une ambiance lourde et pesante pour une jeune fille qui ne rêve que de découvrir le monde...

Pourtant, parfois, Delia se rend à la ville voisine, empruntant toujours le même chemin et rencontrant toujours les mêmes gens. C'est l'occasion pour la jeune fille de changer d'air et de rencontrer les garçons du village et de découvrir de tout nouveaux sentiments. Mais il est parfois dangereux de jouer avec le feu et, bientôt, Delia se retrouve enceinte. Une grossesse précoce à une époque qui ne tolère pas ce genre d'erreurs.

Du côté de la forme...

Voici un tout petit livre dont la première publication remonte à 1983, période de l'écriture minimaliste, et qui nous permet de remonter encore plus loin dans le temps, les années 40, pour ce qui est du temps du récit.
J'ai bien honte de le dire mais je ne connais que peu les auteurs italiens et encore moins les auteurs de cette période. Du coup, lorsque grâce aux éditions Denoël j'ai eu cette opportunité, je n'ai pas réfléchi longtemps et c'est avec joie que je me suis plongée dans cette lecture.

L'auteure nous plonge donc dans une période troublée mais surtout dans une période où les traditions familiales sont fortement ancrées et où il n'est pas question pour une jeune fille de vouloir prendre son indépendance sans avoir, au préalable, honoré ses parents en les aidant physiquement et financièrement. Une période où la fille n'a pas tellement le choix : elle doit obéir à son père.

Pourtant, Delia ne fait pas partie de ces jeunes filles soumises à l'autorité paternelle. Loin de là ! A 17 ans, la jeune fille a déjà un caractère bien affirmé et est bien décidée à mener sa vie comme elle l'entend, envers et contre ses parents qui ont décidé d'un tout autre chemin pour elle. Pourtant, lorsqu'elle se retrouvera enceinte, Delia s'apercevra de tout l'amour que lui porte sa mère alors que celle-ci fera de son mieux pour aider la jeune fille dans cette épreuve.

Du coup, nous découvrons ici une période connue sous un angle différent de ce dont on peut avoir l'habitude : l'Italie dans un petit village un peu isolé. Nous découvrons alors les modes de pensées de cette période mais aussi à quel point il s'agit aussi d'une période avec une véritable volonté d'évolution et de changement dans les esprits.
Delia est une jeune fille que j'ai trouvé très attachante et que j'ai aimé suivre dans ce court roman en particulier pour son caractère affirmé mais aussi sa fragilité apparente lorsque les épreuves s'enchaînent.

Le style de l'auteure est tout à fait remarquable. L'écriture est sobre tout en étant forte, le texte est court tout en nous invitant à de multiples émotions, le phrasé est direct tout en étant la preuve d'une grande maîtrise littéraire et cette écriture tout en finesse sert un récit émouvant et très intéressant à suivre, un récit qui se lit en un rien de temps et que l'on pourrait souhaiter plus long.

En conclusion...

J'ai beaucoup aimé ce petit livre qui m'a plongée au sein d'un village dans les années 40 où la mentalité des habitants est fort bien rendue. Je ne connaissais pas du tout la plume de Natalia Ginzburg et il ne fait aucun doute que j'irai lire d'autres de ses écrits à l'occasion. D'ailleurs, je serais curieuse de découvrir ces écrits en VO car cela doit valoir la peine.
Un cours roman à découvrir pour les amateurs d'histoires familiales et de belles plumes.

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