jeudi 24 août 2017

Interview - Maryssa Rachel pour "Outrage" #1

Suite à la publication de Outrage, Maryssa Rachel a accepté de répondre pour le blog à un certain nombre de questions. Un grand merci à elle !



Partie 1 : Le roman

- Bonjour et merci d’avoir accepté de répondre à cette interview. Pourriez-vous en premier lieu vous présenter aux lecteurs ?
- Bonjour, je m’appelle Maryssa RACHEL, je suis auteure, photographe et chroniqueuse sexo et psycho (tous les mois chez Jeanne Magazine ; quelques chroniques dans Parisderrière).


- Comment définiriez-vous votre roman ?
- Comment définir OUTRAGE ? Je dirais qu’il pourrait rentrer dans la catégorie du « DIRTY REALISM ». Ce n’est pas une romance et encore moins une autobiographie. Le dirty realism est un mouvement littéraire américain qui a vu le jour dans les années 70. Le but étant de décrire avec des mots simples, parfois crus, la vie contemporaine.


- Le lecteur comprend dès les premières lignes que Rose est un personnage torturé. Comment crée-t-on un tel personnage ?
- Rose est née avec DECOUSUE, un bouquin que j’ai publié il y a deux ans ; Elle s’est présentée à moi, et ne m’a plus lâchée… elle est revenue me « hanter » et j’ai  écrit OUTRAGE.
Comment l’ai-je créée ? Je ne sais pas, elle s’est imposée d’elle-même… je crois que j’ai fait une sorte de pot pourri ; toutes ces rencontres avec les nanas que j’ai pu croiser dans ma vie, tous ces témoignages que j’ai pu entendre.  Rose, c’est un mélange des douleurs de ma voisine, des névroses de Mlle X, des fantasmes de Madame Y, des doutes de l’une et des perversions de l’autre…


- Rose parle d’ailleurs parfois d’elle à la troisième personne comme pour se détacher d’elle-même et de son histoire…
- Elle parle d’elle à la troisième personne pour décrire son enfance. Elle dit « la petite fille », car ce souvenir lui fait mal et qu’effectivement ça lui permet de prendre de la distance et d’aborder son entrée dans la phase d’acceptation du deuil de la dite enfance.


- Alex est également un personnage perdu mais son histoire reste floue. Pourquoi ce choix ? Une envie éventuellement de nous offrir un prochain roman de son point de vue ?
- Dans le troisième volet il y a les réponses à toutes les interrogations que beaucoup se posent, mais pas le point de vue d’Alex… Alex est juste un personnage qui croise le chemin de vie de Rose…


- Votre roman développe finalement une forme assez terrible d'érotomanie. Avez-vous fait des recherches sur cette maladie trop peu connue ?
- Rose n’est pas érotomane, elle n’a pas de conviction délirante envers ses partenaires, elle est nymphomane, immature, ambivalente, abandonnique…autant de symptômes qui caractérisent sa personnalité complexe. Je me suis basée sur des cas cliniques, des témoignages, mais également des reportages, des livres et des films...
Les victimes de l’inceste ont majoritairement beaucoup de mal à  avoir des relations intimes et amoureuses  satisfaisantes. L’enfant qu’était Rose a été trahi par une personne censée la protéger. Rose a gardé en elle toute sa détresse, ses peurs, ses colères, elle pensait pouvoir être assez forte pour gérer, essayer d’oublier, mais ces choses là ne s’oublient pas… et un jour « ça pète ».., ça explose.  


- Certaines scènes bien particulières ont d'ailleurs choqué. Comment écrit-on ce genre de scènes particulièrement violentes et parfois dérangeantes ?
- Vous savez, j’ai lu des histoires bien plus dérangeantes que ça. « l’histoire de l’œil » de Bataille, « les trois filles de leur mère » de Pierre Louys, « la philosophie dans le boudoir » de Sade, « les onze milles verges » d’Apollinaire, « les ragionamenti »  de Pietro Aretino… Comment les écrit-on ? Pas avec la tête, c’est certain, mais avec les tripes… je reviens une fois de plus dessus, mais j’évolue dans diverses communautés, et j’ai beaucoup observé, j’ai beaucoup écouté aussi… J’ai écrit un bouquin pour dénoncer l’emprise, l’emprise d’un amant, l’emprise d’un père, l’emprise de l’homme sur la femme. En ce qui concerne certaines scènes très crues, je me suis basée sur les fantasmes des femmes, de ceux qui dérangent, de ceux qu’on n’ose pas dévoiler par peur d’être jugées. Un fantasme n’est pas une envie, c’est un « scénario imaginaire figurant la réalisation d’un désir ». Dans la mesure où Rose est un personnage de pure fiction, elle pouvait très bien vivre ce que certaines imaginent…


- La seconde partie du roman se présente d’ailleurs plus comme une succession de tableaux que comme un récit…
- C’est le cas. C’est une avalanche de sexe, une tempête libidineuse. Cette deuxième partie est importante pour montrer à quel point Rose est malheureuse, torturée ; elle avale, elle cherche à oublier, elle fait n’importe quoi pour essayer de ne pas penser…


- Que diriez-vous, du coup, pour que votre roman ne tombe pas entre de mauvaises mains ?
- Je l’ai déconseillé à certains de mes proches que je sais trop sensibles. Il faut avoir le cœur bien accroché, ce n’est pas une romance.



A tout bientôt pour la seconde partie de cette interview !

1 commentaire:

  1. Voilà une interview plus qu'intéressante, une auteure à la pensée passionnante, qui me donne d'autant plus envie de découvrir son roman !

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